Avant-propos : cet article concerne tout particulièrement le cas d’un OVNI 28 mais il intéressera tous les propriétaires de bateau surtout s’il s’agit d’unités où la hauteur sous barrot est comptée. Il m’a fallu beaucoup de temps avant de prendre la décision de changer le vaigrage. J’ai mis ce temps à profit pour me documenter. Je me suis vite rendu compte qu’il existait de nombreux témoignages sur l’art et la manière de vaigrer des grandes unités sans doute parce que c’est dans ces tailles de bateaux qu’il y a le plus de constructions amateur et que le secteur de la construction amateur est bien organisé. Les articles que j’ai lus offraient des témoignages reposant tous à quelques variantes près sur l’emploi de tasseaux collés ou vissés et de lames de bois ou de PVC. C’est une technique qui réclame du soin et de la précision mais qui peut se mettre en œuvre seul. En plus elle a le net avantage d’être efficace sur le plan thermique, phonique et esthétique. C’est également une solution pratique pour dissimuler les câbles par exemple. Seul inconvénient mais de taille: cette technique fait perdre de la hauteur sous barrot (expérience faite sur un ovni 28, la perte a été de 15 mm) ! L’autre technique, c’est deux personnes minimum. Elle consiste à coller le vaigrage et là, c’est une toute autre paire de manches… Ne vous laissez pas pour autant décourager par ce qui va suivre !
De toute manière, dans mon cas, comme en témoigne la photo, vu l’état du vaigrage d’origine, je n’avais pas le choix.
Le carré avec l'ancien vaigrage
Je passe rapidement sur la solution que j’avais imaginée et qui aurait consisté à commencer par coller sur l’aluminium une couche de liège de 4 mm d’épaisseur puis une sorte de revêtement mural à base de PVC. J’ai procédé à un essai sur le capot de descente et je me suis rendu compte qu’il fallait tout simplement vaigrer avec un revêtement adapté à l’intérieur d’un voilier composé d’une feutrine/mousse dense/ tissu imitation, cuir. A cette étape, le site des passionnés de l’OVNI 28 me donne l’occasion de rencontrer Damien qui, fort de son expérience, me propose son aide.
L'encollage
Très vite se pose la question de la colle. Laquelle choisir ? Certaines colles blanches permettent un repositionnement. C’est rassurant mais dans la pratique cela veut dire qu’il faut attendre pour que la colle prenne et comment faire pendant ce temps pour empêcher le vaigrage de se décoller ? A moins de faire appel à une pieuvre, la seule solution qui s’impose c’est la colle contact NEOPRENE sous forme de gel. Après enduction du support et du vaigrage, on laisse le solvant s’évaporer pendant une dizaine de minutes et quand on applique, la prise est instantanée ! Expérience faite, on peut s’y reprendre mais une seule fois et à condition d’avoir juste appliquer. Il faut reprendre immédiatement. En cas d’échec, la pièce encollée est irrécupérable et il faut tout recommencer. Les conseils qui vont suivre vous éviteront d’en arriver là. Comme on le voit sur la photo, le port du masque est obligatoire afin d’éviter malaises, maux de tête, voire hallucinations! (références sur demande)
Le port du masque est indispensable
Les choix sont faits. On passe à la première phase du travail et non des moindres puisqu’il s’agit de retirer l’ancien vaigrage. Par endroits ça vient tout seul, par endroits ça tient comme un chapeau chinois sur son rocher ! Il faut un masque contre les poussières, quelques outils pour gratter (ciseaux à bois, cutter et huile de coude), de la ténacité et de la patience.
Quand c'est possible, l'ancien vaigrage récupéré sert de patron
Dans la mesure du possible on cherchera à récupérer l’ancien vaigrage pour qu’il serve de patron. Ce n’est pas toujours possible surtout s’il est en mauvais état. Il faudra alors faire des patrons en papier calque.
Patience et minutie...
Le patron en papier calque des hublots latéraux
Le carré protégé
Précaution à prendre: protéger les panneaux et les ouvertures. Le papier calque est bien utile car il laisse passer la clarté. Le polyane (fine bâche plastique utilisée par les peintres carrossiers) permet également de protéger les parties en bois . Ceci dit, il faut reconnaître que le gel néoprène évite les coulures et les bavures, mais deux précautions valent mieux qu’une...
Opération délicate: la découpe
Le vaigrage coûte cher et il s’agit de bien réfléchir avant de le couper aux mesures des gabarits. Il s’agit de minimiser les pertes et d’utiliser des ciseaux de bonne qualité. Il faut éviter de salir ce vaigrage tout neuf. Le plus simple est de protéger la surface de découpe avec notre polyane. Les morceaux découpés peuvent être étendus sur une corde à linge improvisée. Si vous manquez de place, vous pouvez les rouler et les ranger à l’abri de la poussière. Il ne faut pas avoir peur de découper des grandes surfaces. Il est possible de n’enduire qu’une moitié de la pièce de vaigrage afin de procéder en deux temps. Avec l’entraînement à l’occasion des travaux sur ORION on a fini par procéder en une seule fois.
Le couvercle de roof a été garni d'une couche de liège
Il n’est pas nécessaire de mettre beaucoup de colle. Il faut bien l’étaler. Pour ORION 28, il a fallu 8 litres de colle. Il ne faut pas regarder à la quantité de pinceau (une trentaine vous seront nécessaires) par contre n’hésitez pas à choisir la qualité la plus économique car la colle a vite fait de mettre un pinceau HS. A l’inverse les camions de peinture * qui servent à transvaser la colle sont récupérables d’une séance sur l’autre. Il suffit de décoller la peau de colle (sans jeu de mots) qui se forme au fond. Pour des raisons pratiques cette opération doit se faire à bord. La table du carré doit être agrandie en y posant des plaques de bois par dessus.
Finition à la spatule en bois!
Une fois la pièce de vaigrage posée, il faut chasser les poches d‘air et glisser son bord sous les parties en bois. Là, un outil s’avère fort intéressant : la spatule en bois ! Pas celle de la cuisine trop épaisse mais celle du médecin qui l’emploi à l’occasion d’un examen de la gorge de son patient. En prévoir plusieurs car elles ont tendance à casser assez facilement.
La découpe des bords
Il reste encore à découper l’excédent de vaigrage sur les bords et au niveau des hublots et panneaux de pont. Pendant cette opération, il faut changer de lame de cutter fréquemment de manière à maintenir une coupe droite et franche.
Et voilà le travail terminé!
Pour une personne, il a fallu 5 jours (45 heures) pour arracher l’ancien vaigrage et gratter la colle puis 5 jours à deux (46 heures) pour la pose du nouveau. Ensuite, il ne reste plus qu’à procéder à un grand nettoyage !
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